Le tragique destin d’Hasimanitra

Hasimanitra est née le 31 décembre 2003 dans un petit village difficilement accessible, Amparafara, dans la commune de Merimandroso à 35 km au nord d’Antananarivo.

Un exemple de la mauvaise condition féminine

Hasimanitra est la deuxième fille de Noëlisa, qui l’a mise au monde à l’âge de 17 ans. Au moment où ces lignes ont été écrites, Noëlisa avait déjà 5 enfants : Antatina, 7 ans, Perline, 4 ans, Nantenaina, 2 ans et la petite dernière Onja, née le lendemain du décès d’Hasimanitra. Tous sont de pères inconnus.

C’est une famille monoparentale type, parmi tant d’autres, que nous essayons d’aider. Noëlisa, depuis l’âge de la puberté, est une proie facile et sans défense pour des hommes sans scrupules, qui profitent de l’impunité qui prévaut dans ces campagnes reculées. Les jeunes femmes ne sont pas rares à être comme elle mère de 5 enfants sans père à 23 ans. Cette situation est particulièrement précaire et cruelle, puisqu’elle ne peut pas travailler avec une telle progéniture. Il ne lui reste alors que l’assistance condescendante de son entourage, et bien sûr des aventuriers profiteurs.

Récemment, malgré ses sept mois de grossesse, elle a fait trois semaines de prison dans les pires conditions à Antananarivo, pour une accusation de vol de manioc dans un champ. Le propriétaire du champ et accusateur, un « homme très respectable » de 61 ans, est très probablement le père du bébé qu’elle porte. Elle a donc été acquittée lors du procès, car il a été reconnu que l’objet du vol n’était autre que la rémunération d’un service intime rendu. Les trois semaines de geôle ont été faîtes malgré tout sans compensation, et l’homme a profité de l’impunité.

Une illustration de coopération solidaire

Un jour, Noélisoa a frappé à notre porte pour demander du secours pour son enfant malade. Croisant le regard plein d’espoir et suppliant de l’enfant, nous avons pris la décision d’agir. Nous l’avons emmenée auprès de l’Association Médecins du monde à Antananarivo. S’enclenche alors un long et laborieux mais néanmoins efficace processus.

Hasimanitra était atteinte de la maladie congénitale dite « bleue » : plusieurs malformations graves du cœur. Cela ne l’empêchait pas de vivre à pleine peau quand sa maladie lui permettait, dotée d’une maturité exceptionnelle pour une enfant de 5 ans.

Pendant ce temps, vu l’éloignement de leur village, Hasimanitra , ses frères et sœurs furent scolarisés et hébergés au village de la joie pendant la période préparatoire qui dura bien six mois. Ils vécurent là au milieu des autres enfants des moments heureux, par contraste avec l’existence misérable de parias qui était leur quotidien dans leur village.

La collaboration de trois associations : Le Village de la joie, Médecins du monde, et Mécénat Chirurgie cardiaque a abouti à l’opération qui a eu lieu le 23 avril a Lyon.

L’opération a été fatale, et pourtant cette équipe de bénévoles de Mécénat chirurgie Cardiaque a lutté pendant plus de huit heures… le cas était bien trop grave.

 L’association Médecins du monde a pris en charge le rapatriement du corpsdepuis Lyon jusqu’au village d’Amparafara, ce qui n’a pas été facile, mais nécessaire par rapport aux traditions malgaches, et surtout pour éviter les soupçons de vol d’enfants.

Épilogue

Bien que nous soyons tous très tristes de l’issue tragique de cette histoire, il fallait tenter cette opération, dans laquelle sa famille et nous mettions beaucoup d’espoir. Souvenons nous que des gens de bonne volonté ont réuni leurs efforts, et n’ont pas compté leur peine pour sauver la vie d’un enfant.

Hasimantra a vécu heureuse ses derniers mois d’existence au village de la joie ; de même, pour ses derniers jours, sa famille d’accueil à Lyon témoigne de sa joie de vivre et de sa gentillesse, qui ont également touché les soignants de l’hôpital cardiologique.

Nous avons trouvé pour sa famille un logement proche du Village de la joie. Les enfants poursuivent leur scolarité parmi nous, Noëlisoa travaille dignement parmi nos collaborateurs pour subvenir aux besoins des siens.